Fin du premier grand festival du film d’Arabie saoudite
JEDDAH 15/12/2021 09:36 (BELGA/AG)
Le premier grand festival du film saoudien organisé à Jeddah (ouest) s’est conclu lundi, quatre ans après que le royaume a levé l’interdiction des cinémas avec l’objectif notamment d’adoucir son image de pays ultraconservateur.
Acteurs et réalisateurs –arabes et étrangers– ont participé pendant une semaine au Festival international du film de la mer Rouge, lors duquel ont été présentés 138 longs et courts métrages de 67 pays.
L’événement a toutefois fait l’objet de critiques, des militants ayant appelé au boycott du festival et dénoncé une instrumentalisation de la culture et des divertissements pour faire oublier le bilan du pays en matière de respect des droits humains, notamment après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat du royaume à Istanbul en 2018.
Sami Khan, réalisateur nommé aux Oscars, avait appelé au boycott du festival lors de son annonce avant la pandémie de Covid-19. D’autres personnalités de l’industrie du cinéma ont elles accepté l’invitation, s’abstenant de tout commentaire sur les droits humains. « Je suis simplement ici pour soutenir mon ami et être présent en tant que membre de l’industrie cinématographique, c’est tout », a dit à l’AFP l’acteur britannique Ed Westick. « Je pense que le pays réalise des choses importantes et (le festival) est l’une d’elles », a-t-il ajouté. Le musicien et acteur canadien Rob Raco a également refusé tout commentaire, affirmant: « Je pense que maintenant, ils (les Saoudiens, NDLR) sont en train de créer un avenir meilleur, donc je ne peux pas vraiment commenter le sujet, mais simplement dire que c’est un moment incroyable pour ce pays. »
Des réformes ont été engagées dans le pays ces dernières années, telles la levée de l’interdiction pour les femmes de conduire et l’autorisation de concerts et d’autres événements mixtes, mais une répression stricte de la dissidence reste en place. « Un festival de film sans la liberté d’expression, c’est de la propagande », a dénoncé auprès de l’AFP l’opposant saoudien Walid al-Hathloul, estimant que cet événement détourne l’attention internationale des violations des droits humains dans le pays.
Les arrestations d’opposants, le rejet de la communauté LGBTQ+ et le grand nombre d’exécutions dans le pays sont régulièrement pointés du doigt par les défenseurs des droits humains.